jeudi 21 mars 2013

Quand souffle la tempête, du côté de St-Guénolé ...

Amateur de sensations fortes, regarde cette video !



Vous pouvez également regarder cette video en cliquant ici (qualité légèrement supérieure me semble-t-il !)

lundi 18 mars 2013

Salon des Vins les 23 et 24 mars 2013

Le 6ème SALON DES VINS et Produits du Terroir, organisé par les Rotary Club, se déroulera à la Ferme du Vieux Pays à Aulnay-Sous-Bois les 23 et 24 mars 2013 


   

L'Amicale Bretonne  sera présente sur son stand et proposera sa restauration avec ses galettes et ses crêpes sucrées.

La recette sera reversée à l' Association pour la Recherche contre la Sclérose en Plaques (ARSEP)

L' entrée sur le salon est gratuite.

MERCI DE VENIR NOMBREUX.  !

mercredi 6 mars 2013

Journée internationale de la femme - le 8 mars 2013

La journée de la femme est célébrée chaque année le 8 mars dans de nombreux pays occidentaux.

Pierre Jakez Hélias a écrit un petit texte breton que je m'amuse à vous conter ci-dessous :


La femme de Bi


Il y a eu un temps où le plus délicat plaisir du dimanche, pour les commères du bourg, était d'attendre l'arrivée de Bi et de sa femme dans leur char-à-bancs peint en vert cresson avec des filets jaunes. C'était un très beau char-à-bancs qui faisait ouvrir la bouche au notaire lui-même, possesseur d'une automobile de Dion. Tout l'équipage était irréprochable, depuis les deux lanternes fourbies de près jusqu'à la têtière du cheval, ornée d'un oeil-de-boeuf en cuivre de chaque côté. Quant au cheval en question, sa robe était si noire et si luisante que l'héritière la plus coquette aurait pu mettre sa coiffe des grands jours en s'y mirant.
Et cependant, les commères ne regardaient pas le char-à-bancs du riche Bi. Elles ne regardaient pas Bi non plus, ce petit homme raide, à l'oeil sévère, qui était si fier de sa moustache blonde. Assise à côté de lui, le dépassant d'une tête, il y avait sa femme qui s’essuyait les yeux avec un mouchoir de toile fine. Elle aurait été aussi belle à voir que le cheval sans sa coiffe légèrement de travers, ses cheveux dérangés sur la nuque, le velours froissé de ses manches et ses yeux rougis par les larmes. Les commères la détaillaient de la tête aux pieds pendant qu'elle faisait tout son possible pour leur sourire.
Imperturbable derrière sa moustache, Bi laissait aller son cheval au pas le plus lent. On aurait dit qu'il faisait exprès de montrer sa pauvre femme dans cet état pitoyable. Et c'était vrai. Il venait de la battre, l'instant d'avant, et il tenait à le faire savoir à tout un chacun.
Quand l'équipage était passé, se dirigeant vers l’église pour la grand-messe, les commères hochaient la tête avec un contentement secret, tout en plaignant la femme de Bi :              
"La pauvre ! Elle a encore attrapé son compte".
Les hommes faisaient semblant de ne rien voir. Ils étaient mordus de jalousie parce qu'il n'y avait pas la moitié d'un, parmi eux, qui eût été capable de domestiquer sa femme comme faisait Bi de la sienne.
Bi ne battait sa femme que lorsqu'il y avait quelques témoins présents pour aller porter la nouvelle aux populations d'alentour. L'affaire se passait toujours sur la grand-route et de la même façon :
"Venez ici, ma femme, disait Bi. Approchez, s'il vous plait".
Elle obéissait avec humilité. Aussitôt, son mari se mettait à la rouer de coups en criant à tue-tête :
"Marie-Louise, ne vous offensez pas si votre mari vous maltraite de la sorte. Vous savez qu'il est un homme violent et emporté".
Et la malheureuse gémissait entre les coups :                                                        
"Faites ce qui vous plaît, Bi,. Je sais que c'est pour votre bien".                                
Le plus étonnant, c'est que Bi passait pour un homme affable et plutôt effacé dans les jours ordinaires, tandis que sa femme, qu’il était allé chercher dans un canton voisin, menait ses affaires de lait, de beurre et d'oeufs avec beaucoup de fermeté, aux dires des marchands. C'est pourquoi les gens ne comprenaient pas comment elle se laissait martyriser par sa demi-portion de mari.
Le jeu dura plusieurs années. Il aurait pu continuer, jusqu'à la mort des deux époux sans l'aventure que je vais vous conter maintenant.
Un jour, Bi et sa femme s'en furent à la foire de Pont-Croix avec une charretée de porcelets. L'habile Marie-Louise fut chargée de les vendre au plus haut prix. Pendant ce temps, le Bi faisait le tour du quartier, la poitrine haute et le pouce à l'entournure du gilet. Ce fut sa moustache qui causa son malheur. Elle était si bellement roulée qu'il ne pouvait plus s’empêcher de loucher dessus des deux yeux à la fois. Et c'est ainsi qu'il vint à heurter violemment, au détour d'une rue, un maraîcher de Plouhinec dont l'histoire n'a pas retenu le nom.
Bi eut beau s'excuser, l'autre crut à une provocation de la part du petit homme faraud dont l'extérieur lui déplaisait fort. Il ne voulut rien entendre, ayant la tête près du bonnet, et passa tout de suite au menaces. Alors le riche Bi, qui sentait venir les coups, prit la fuite au galop rouge. Mais le gars de Plouhinec était déterminé à se faire les poings sur sa peau.
Sur le foirail, Marie-Louise avait vendu son dernier couple de porcelets quand elle vit accourir son mari, hors d'haleine, poursuivi par le maraîcher furieux. Le Bi violent et emporté en était réduit à demander aide et protection à sa femme.
"Attrapez-le-moi, criait le gars de Plouhinec. Je vais le mettre en trois morceaux, bien qu'il n'y ait pas assez d'étoffe en lui pour faire un homme".
Marie-Louise était blême de honte et de colère. Elle empoigna son seigneur et maître par le col et le jeta entre les bras du maraîcher :
"Allez-y hardiment, glapit-elle, et qu'il n'en reste rien".
L'autre cracha dans ses mains et se mit à corriger Bi sans ménager sa peine. La foule du marché s'était assemblée autour d'eux. Pendant que les coups pleuvaient, Marie-Louise racontait l'imposture de Bi :
"Quand je me suis mariée avec cet homme, clamait-elle, il m'a fait croire qu'il était tellement violent et emporté qu'il risquait, à tout moment, de tuer quelqu'un si la rage s'accumulait en lui trop longtemps. Pour lui éviter ce malheur, je me laissais battre tous les dimanches en croyant le calmer au dépens de ma peau. Et c'est seulement un poltron qui voudrait passer pour un terrible. Je vais lui faire payer ses dettes".
Quand le Bi fut proprement moulu et assommé, Marie-Louise le fit jeter dans la caisse aux porcelets et le ramena chez elle.
Le dimanche suivant, elle vint au bourg en conduisant elle-même le char-à-bancs vert cresson avec ses filets jaunes. Elle avait les yeux secs et sévères. Sa coiffe était bien droite, ses cheveux lisses et sa robe de velours aussi parfaite que la peau du cheval noir. A côté d'elle le pauvre Bi n'était plus qu'un petit tas d'humilité.

Elle lui avait rasé sa moustache.



Pierre Jakez Hélias. (1914-1995)